Vous trouverez ici les textes publiés :

Décret n° 2021-548 du 4 mai 2021 modifiant le décret n° 85-88 du 22 janvier 1985 relatif aux conditions de nomination aux fonctions d’instituteur ou de professeur des écoles maître
Arrêté du 4 mai 2021 fixant l’organisation du certificat d’aptitude aux fonctions d’instituteur ou de professeur des écoles maître formateur

Présentation des éléments de la réforme et un comparatif entre l’ancien CAFIPEMF et celui issu du nouveau décret et arrêté

le passage du CAFIPEMF se fera sur 1 an au lieu de 2,
5 semaines de formations (transformables en crédits ECTS) seront mises en œuvre, avant la première épreuve, il s’agit d’un point positif au vu de ce qui se fait actuellement dans les départements.
Dans cette formation, 3 semaines se fera en observation et en pratique accompagnée auprès d’un CPC ou maître formateur. C’est un point positif pour problématiser le métier.
la visite de classe est rétablie (il s’agit d’une demande du SNU en 2015).
le mémoire est abandonné, c’est un des points négatifs du texte.
les épreuves sont centrées sur Français et mathématiques, également un point négatif.
les candidat·es ne pourront se spécialiser qu’au bout de trois ans : point négatif.
l’épreuve à partir d’une séance collective de formation est abandonnée : point négatif.

Le SNUipp-FSU a participé à deux réunions de travail sur ces textes. Notre intervention syndicale a permis des évolutions significatives du texte par rapport à la version initiale sur un certain nombre de points que nous allons partiellement citer ici :

alors que dans un premier temps, l’inscription au CAFIPEMF était soumise à la rédaction d’un bulletin de visite par l’IEN de circonscription inclue dans le dossier d’inscription, seule une attestation de visite est maintenant requise et rien n’entrave l’accès à la formation pour préparer le CAFIPEMF
la présence de titulaire du CAFIPEMF dans le jury validant la certification, abandonnée dans la première mouture, a été réintroduite sans atteindre la proportion de la composition actuelle
l’usage du numérique dans les épreuves, dans un premier temps imposé sans discernement, a été borné par une écriture tenant compte du contexte d’exercice du candidat, de la possibilité de son usage ainsi que de sa pertinence

Mais, l’esprit général qui a présidé à la modification du cadre du CAFIPEMF demeure que l’on peut résumer en trois points :

une centration sur les apprentissages dits fondamentaux, ce qui est cohérent avec le reste de la politique ministérielle, mais pas avec l’objectif de lutte contre les inégalités scolaires et la démocratisation de la réussite scolaire, tant le niveau d’accès à une culture commune de haut niveau est le déterminant majeur de la réussite. Les comparaisons internationales soutiennent d’ailleurs ce fait.
un éloignement du rapport à la recherche, manifesté par l’abandon du mémoire.
un possible glissement de la fonction des certifiés du CAFIPEMF, manifesté par la volonté d’uniformisation des épreuves autour de l’acte de formation individuel. Avec, pour la part non facultative de la certification un resserrement sur à peu près un an contre les deux années actuelles.

Des épreuves faisant la part-belle aux mathématiques et au français

C’est certainement le fait le plus marquant du projet de réforme et qui est justifié par les rédacteurs du texte. Pour rappel, le CAFIPEMF actuel se prépare sur deux ans, et comprend une épreuve d’admissibilité et deux épreuves d’admission, avec la possibilité de choisir au moment de l’inscription une option parmi les champs suivants :

arts visuels
éducation physique et sportive
éducation musicale
enseignement en maternelle
langues et cultures régionales
langues vivantes étrangères
enseignement et numérique

Le projet prévoit un CAFIPEMF sur une seule année, avec deux épreuves :

une première épreuve consistant en l’observation d’un temps d’enseignement de 60 minutes assuré par le candidat suivi d’un entretien avec le jury, dont a minima les deux tiers devant porter soit sur le français en école élémentaire ou sur les activités langagières en école maternelle, soit sur les mathématiques en école élémentaire ou sur la construction du nombre en école maternelle. Le tiers restant pouvant être consacré à une discipline autre que le français et les mathématiques, à condition que cela contribue explicitement à l’apprentissage des élèves en français ou en mathématiques (dans la première mouture seules les maths et le français étaient évoqués. Nos interventions exigeant que tous les champs couverts par les programmes puissent faire l’objet de cette première épreuve ont conduit à un ajout sur lequel nous avons continué à batailler sans succès). Il s’agit explicitement de s’assurer de la bonne maîtrise des contenus didactiques et pédagogiques en français et en mathématiques par le candidat
une deuxième épreuve, dans le délai d’un mois après la première épreuve, où le candidat est en situation d’observation d’un professeur des écoles stagiaires ou titulaires, ce qui fait l’objet ensuite d’une analyse immédiate en présence du jury, puis de la production d’un rapport de visite qui sert de base à un nouvel entretien avec le jury. Il est entendu que la séance observée doit être une séance de français ou de mathématiques. «  Cette épreuve permet au jury de se prononcer sur la maîtrise des compétences professionnelles attendues d’un formateur au regard du référentiel des compétences du formateur et des critères définis par le ministre chargé de l’éducation nationale par voie de circulaire. Elle évalue la capacité du candidat à conseiller et à accompagner les professeurs des écoles, en particulier dans les domaines du français et des mathématiques.  »
l’abandon du mémoire qui signe l’éloignement d’une posture réflexive alimentée par la recherche

L’exposé des épreuves du CAFIPEMF montre que la focale est mise sur la capacité du ou de la candidate à faire preuve d’une maitrise didactique et pédagogique dans l’exercice du métier d’enseignant comme dans celui de conseil et d’accompagnement des PE. Pour mémoire, le CAFIPEMF actuel comprend une première épreuve d’admissibilité consistant en un entretien s’appuyant sur un dossier fourni par le candidat lequel comprend un rapport d’activité, puis une épreuve d’admission comportant deux épreuves :

une épreuve de pratique professionnelle suivie d’un entretien
la soutenance d’un mémoire professionnel, travail de réflexion personnelle portant sur une problématique d’accompagnement ou de formation (étude de situation centrée sur une question professionnelle articulant savoirs et expériences)

Le CAFIPEMF actuel est donc centré sur un travail de rédaction témoignant d’une recherche sur sa pratique et sur les déterminants du métier de formateur et formatrice.

Dans le cadre du projet de réforme, ces écrits sont abandonnés, le temps est réduit (même s’il faut citer ici la garantie faite de 5 semaines de formation dont 2 à 3 en observation chez d’un ou une PEMF ou CPC et 2 à 3 semaines de formation assurée par l’Académie et l’INSPE.

L’administration envisage la possibilité d’une reconnaissance sous forme d’ECTS par l’université de ce dernier temps. Sa durée invalide cette possibilité) laissant la place au risque d’une seule pédagogie du modèle, masquant le changement de posture qu’induit la formation des formateurs que sont les enseignants.

Vers un glissement de fonction ?

Le ministère l’a rappelé lors des discussions : il a la volonté d’uniformiser les épreuves autour de l’acte de formation individuel.

Dans la version actuelle du CAFIPEMF, cette modalité est celle retenue pour les candidats ayant fait le choix de l’accompagnant des étudiants en Master MEEF. Pour celles et ceux ayant choisi l’animation d’action de formation auprès d’un conseiller pédagogique référent, l’épreuve de pratique professionnelle consiste en l’animation d’une action de formation (animation d’un groupe d’enseignants en formation initiale ou continue). En fait c’était très peu choisi.

Dans le projet cette deuxième modalité disparait. Et l’épreuve d’observation pourra être faite dans la classe d’un stagiaire, ou d’un titulaire.

Dans les discussions, l’administration nous a assuré que l’objectif n’était pas un brouillage des pistes entre formateurs et IEN. Mais ces choix sont une nouvelle pris dans une logique d’individualisation du rapport à la formation.

Et la spécialisation ?

Les titulaires du certificat d’aptitude aux fonctions d’instituteur ou de professeur des écoles maître formateur peuvent, après trois années d’exercice en qualité de professeur des écoles maître formateur ou de conseiller pédagogique généraliste, se présenter à l’épreuve complémentaire facultative de spécialisation.

La liste des spécialisations possibles de l’épreuve complémentaire facultative est étendue par rapport à la liste actuelle :

Arts visuels
Éducation physique et sportive
Éducation musicale
Enseignement en maternelle
Enseignement et numérique
Histoire-géographie-enseignement moral et civique
Langues et cultures régionales
Langues vivantes étrangères
Sciences et technologie

Cette épreuve facultative dans la première mouture faisait office de deuxième CAFIPEMF. Après interventions des OS, l’administration a proposé une version allégée fondée sur la rédaction par le candidat ou la candidate d’un rapport d’activité portant sur les années d’exercice du métier de formateur, et l’observation d’une séance de formation collective.

Conclusion

On voit sur le CAFIPEMF, comme dans l’ensemble de ses réformes, les déterminants de la politique de Jean-Michel Blanquer s’imposer :

un resserrement sur les apprentissages dits fondamentaux
une logique d’abord d’individualisation

l’organisation d’un éloignement des enseignants d’avec le monde de la recherche, dont on peut craindre qu’il les désarme un peu plus face "aux bonnes pratiques qui ont fait leur preuve" chères au ministre

Annexe : un résumé du déroulé du nouveau du CAFIPEMF

le·la candidat s’inscrit et se déclare à son IEN
visite-conseil de l’IEN qui est ponctuée par un écrit à destination du la candidat·e et une attestation de visite permettant l’inscription
une formation garantie de 5 semaines à tou·tes les candidat·es inscrit·es, en partie en observation de formateur, en partie en formation mise en place par l’Académie et l’INSPE
une première épreuve dans la classe du la candidat·e pour s’assurer de la bonne maîtrise des contenus didactiques et pédagogiques en français et en mathématiques
une deuxième épreuve fondée sur l’observation d’un·e stagiaire ou d’un·e titulaire menant une séance en français ou mathématique, et permettant d’évaluer la capacité du la candidat·e à conseiller et à accompagner les professeur·es des écoles, en particulier dans les domaines du français et des mathématiques
au bout de trois ans, la possibilité d’aller vers une spécialisation

Réforme du CAFIPEMF

Réforme du CAFIPEMF